Projet “Danube bleu 2012″

Mon camarade Roland Kübert et moi-même avons pédalé du 21 juillet au 27 juillet 2012 tout au long du Danube, depuis sa source à Donaueschingen jusqu’au point où il passe la frontière pour continuer sa course en Autriche. Environ 600 km en tout.

Voici un petit compte-rendu journalier de l’entreprise.

Samedi 21 juillet. Stuttgart - Donaueschingen en train (08 h 18 - 10 h 10).

Samedi 21 juillet. Donaueschingen - Neidingen (Hausen im Tal) env. 70 km. Visite de la Donauquelle (source). J’arrive à me mettre du cambouis sur le seul pantalon que j’ai pris pour le voyage… Deux km plus à l’est, arrêt photo devant point de confluence Brigach et Breg. Plus loin sur la route, Donauversinkung : durant certaines périodes de l’année, le Danube disparaît sous terre pour devenir un affluent du lac de Constance et donc du Rhin ! Avons marché dans le lit sec du fleuve. Quelques grosses flaques éparses. Après Tuttlingen, très jolie vallée tranquille, sans route pour les voitures. A flanc de montagne, gros blocs de roche verticaux et entourés d’arbres. Pause bière à Beuron (abbaye). 10 derniers km en descente sous la pluie. Pension pas chère et très bien «zur Mühle» à Neidingen. Chambre double et petit-déjeuner pour 25 euros.

Source officielle du Danube à Donaueschingen

Source véritable du Danube où la Breg et la Brigach se rencontrent

Donauversinkung

Dimanche 22 juillet. Neidingen - Munderkingen env. 85 km. Pas mal de vent de face. Pause à Sigmaringen (joli château où les collabos français se sont réfugiés à la fin de la 2ème Guerre mondiale, cf. bouquin D’un château l’autre de L.-F. Céline). Déjeuner à Mengen. Pause au château de Neufra (jardins suspendus, pas mal, mais sans parterre de fleurs). Puis pause encore à Riedlingen. Passage par Rechtenstein, très joli coin surplombant le Danube, paisible, à l’abri du tumulte du monde. Arrivée à Munderkingen. Pas de bobo physique. Jambes un peu fatiguées, sans plus. Un petit peu mal au derrière, mais pas de quoi en faire une maladie (soit dit en passant, un vêtement extrêmement important et obligatoire pour une randonnée de plusieurs jours en vélo : le cuissard super rembourré pour les fesses). Entente au poil avec mon pote Roland, futur docteur en informatique. Un sportif. Il peut pédaler plus vite que moi, particulièrement dans les montées. Chemin pas totalement plat, mais qui ne pose pas de problème dans l’ensemble (à noter : un sale petit raidillon après Zwiefaltendorf, un vrai coup de poignard dans le dos qui arrive sans prévenir, mais sur une courte distance).

Sigmaringen

Lundi 23 juillet. Munderkingen - Gundelfingen (100 km). Passage par Blaubeuren (abbaye) et son Blautopf. Effectivement, fidèle à sa réputation, l’eau est d’un bleu intense dans le bassin de Blautopf. Encore beaucoup de vent de face toute la journée. Pénible. A midi, dans un bouiboui turc de la banlieue d’Ulm. Kébab pour moi et pizza pour Roland. Fête à Ulm. Schwörmontag. Au programme : défilé de bateaux et pneumatiques en tout genre sur le Danube et Volksfest. Beaucoup, beaucoup de monde (trop, à mon goût). Pause devant la cathédrale. Puis, en route pour Günzburg. Passage en Bavière. Du vent, sans cesse… A Günzburg, où nous voulions dormir, pas d’hébergement possible. Tout complet ! A cause d’une révision de la centrale nucléaire du coin et du parc d’attractions Legoland. Après de multiples tentatives infructueuses, trouve enfin une pension avec chambre double libre à Gundelfingen, attenant au stade “Schwabenstadium” (nous nous trouvons dans la partie souabe du “Freistaat”). Devons faire 20 km de plus que prévu… Ai pédalé 100 km en une journée pour la première fois de ma vie. Arrivée à la pension de Gundelfingen, douche et dîner en terrasse. Le proprio propose une carte de plats grecs. Sommes à table à côté d’un plan d’eau. Attaqués par des moustiques. Physiquement, dans l’ensemble tout est en ordre. Acheté du baume pour les lèvres à cause du vent (au passage, aussi acheté et bu pour la première fois de ma vie du Red Bull ; a un goût de Gummibär). Pris des coups de soleil sur les cuisses. Ce soir, gros dodo pour se retaper et demain, ça repart.

Ehingen

Blautopf

Cathédrale d'Ulm

Mardi 24 juillet. Gundelfingen - Neuburg an der Donau (90 km). Ce soir, trop fatigué pour faire un long compte-rendu. Journée chaude et ensoleillée. Déjeuner à Donauwörth. Cette ville nous a donné l’impression de ne pas vouloir être atteinte : route en dents de scie en apparence interminable dans la campagne, et encore beaucoup de vent de face venant de l’Est. Avons rencontré des Français sur notre chemin. Deux d’entre eux en route pour Budapest. Et peu après, un autre couple en tandem, sur la piste cyclable en haut d’une digue. La fille me lance un «bonjour» souriant et sexy en réponse à mon «hallo». Nous les revoyons encore plus tard dans un village où la fille en question trempe ses chaussettes dans l’eau d’une fontaine. En plein après-midi, suite à une succession de grimpettes éprouvantes sous un soleil qui tape dur, Roland se rend compte qu’il a oublié sa gourde en métal env. 5 km en arrière… Il repart en direction opposée, dans la chaleur, pour récupérer sa précieuse gourde pendant que je l’attends à l’ombre à Marxheim, avec tous nos bagages. Arrivés à 20 h à Neuburg. Superbe centre-ville de style baroque/Renaissance. Dîner et dodo au “zur Traube” situé sur la place centrale de la vieille ville. Super bien mangé pour pas cher (Roland : une sorte de Vesperplatte bavaroise (oublié le nom exact), moi : Obatzter et truites fumées accompagnées de baies d’airelle). Physiquement : ça va, quelques coups de soleil, lèvres un peu sèches, ça tire dans les cuisses en fin de journée, mais dans l’ensemble, aucun souci. Finalement, le compte-rendu du jour est plus long qu’initialement prévu.

Je n’ai bizarrement pas pris une seule photo ce jour-là. Alors, les images de cette étape sont de Roland.

J’en profite au passage pour signaler qu’il a aussi tenu un journal de bord (en allemand) à cette adresse-là.

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Neuburg an der Donau

Mercredi 25 juillet. Neuburg an der Donau - Kelheim (80 km). Temps légèrement pluvieux. Ça ne fait pas de mal après le cagnard de la veille. Sommes partis plus tôt que d’habitude, vers 7 h 30. Avons bien gazé jusqu’à Ingolstadt. Passage devant une ancienne forteresse située juste à l’extérieur de la vieille ville. Puis, visite de la vieille ville ceinturée par un mur. Là-bas, petit-déjeuner (Zwetschgendatschi !), et passage aux toilettes de Roland et moi pour la grosse commission, comme tous les matins (le pouvoir laxatif du café nous permet de régler cette affaire-là dès le matin et de ne plus avoir à nous en soucier ensuite une fois sur la route). Reprise de la route. Roulons sur la crête d’une digue de protection contre les inondations (crue record en 1999). Cassons la croûte sur la digue. Puis, filons vers Weltenburg (abbaye avec une église baroque et - probablement plus important encore - une très bonne bière brassée sur les lieux-mêmes :-)). Ensuite, 20 min de bateau pour admirer le “Donaudurchbruch” (passage du fleuve en zigzag entre les falaises des deux rives), un peu avant Kelheim. Et enfin, rude montée de 2,5 km (digne d’une étape de montagne), avec 3 lacets, pour aller visiter la “Befreiungshalle”, un monument imposant qui célèbre le combat victorieux des Allemands pour se libérer du joug napoléonien (bataille de Leipzig en octobre 1813). Roland grimpe jusqu’en haut des côtes avec l’aisance de Bahamontes. Son secret pour décrocher le maillot à pois rouges : il déteste les montées et n’a aucune patience avec elles. Physiquement, RAS. Les coups de soleil ont baissé en intensité.

Abbaye de Weltenburg

Befreiungshalle

Donaudurchbruch à Kelheim

Jeudi 26 juillet. Kelheim - Straubing (85 km). Grosse chaleur. Avons bu pas mal d’eau. Dans l’ensemble avons encore bien pédalé aujourd’hui. Avons retrouvé hier soir et ce matin dans notre pension les deux Français en route pour Budapest, une dame et son fils. Discutons un peu ensemble. La mère a vécu pas mal de temps à Cannstatt. Vers midi, pause de 1 h 30 à Ratisbonne (Regensburg). Vieux centre-ville ravissant classée au patrimoine mondial de l’humanité. Avons visité la cathédrale gothique Saint-Pierre. Assez sombre à l’intérieur, un peu comme dans la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais. Très jolis vitraux colorés. Avons mangé des super Bratwürste dans un local historique surchauffé, servies dans des Brötchen avec de la choucroute et de la moutarde douce. Lecker ! Passage sur le plus vieux pont d’Allemagne encore debout (Steinerne Brücke). Prenons quelques photos de la vieille ville depuis le pont, et en route pour Straubing sous le cagnard. Sur le chemin, détour pour visiter la Walhalla (à l’intérieur, bustes de célébrités allemandes/autrichiennes/suisses alldes/hollandaises), construite à l’instigation de Louis Ier de Bavière (tout comme la Befreiungshalle). Montée un poil raide, mais plus facile que celle pour la Befreiungshalle, pour atteindre le bâtiment inspiré du Parthénon (donc en gros, une architecture du Sud pour une Wallhalla nordique :-)). Après la visite, reprise de la route pour Straubing, avec pause Hefeweizen dans un Gasthof à Hofdorf. En chemin, j’ai promis à Roland que j’achèterai un maillot du Bayern München quand j’atteindrai Passau. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Bon, on verra bien… ;-) Demain, il me quittera à Deggendorf et je poursuivrai mon chemin jusqu’à Passau. Il doit être à nouveau présent à Aschaffenburg vendredi soir pour l’enterrement de vie de garçon d’un de ses amis. On a passé une excellente semaine ensemble. On a bien gazé tout au long de notre parcours. Je devrais atteindre Passau samedi matin, avec un jour d’avance sur le programme, et devrais donc normalement rentrer à Stuttgart un jour plus tôt que prévu. Arrivée à Straubing vers 17 h 30. Très joli centre-ville de style Renaissance, comme dans toutes les localités où nous sommes passés. Avons vu aussi bon nombre de châteaux de plaisance et de châteaux-forts sur notre route. Promenade le soir sous une pluie battante. Gros orage. Dîner dans la Weissbierhaus. Pierre : Schweinshaxe accompagnée d’une très bonne schwarzes Bier. Roland : plat bavarois composé de divers types de viande, de cochonnailles et de choucroute, arrosé de schwarzes Bier aussi. Digeo : Bayerwald-Bärwurz.

Ratisbonne (Regensburg)

Walhalla

Vendredi 27 juillet. Straubing - Passau (98 km). Finalement, j’atteindrai Passau vendredi soir. Encore beaucoup de soleil et de chaleur aujourd’hui. Départ de Straubing vers 8 h 20. Une dizaine de km plus loin, montée d’un km pour visiter l’église de Bogenberg où se trouve une statue de la Vierge enceinte. N’avons pas pu la voir de près à cause d’une messe en cours. Filons ensuite vers Deggendorf. Dans le faubourg de Deggendorf, sur notre droite, une succession de petites plages pour se baigner dans le Danube ! Avons peu vu de plages au bord du fleuve depuis Donaueschingen. Faisons une pause pour piquer une tête dans l’eau. Rafraîchissant ! Puis, en route pour la gare de Deggendorf. Le chemin en commun avec Roland s’arrête là. Il prend un train à 12 h 44 pour Aschaffenburg. Il a été un super coéquipier et nous avons passé d’excellents moments ensemble. Reprends la route seul. Ne m’attarde pas à Deggendorf (plein de voitures là-bas, surtout qu’on est vendredi). File vers Passau sous un gros soleil. Passage à côté d’un aérodrome à Vilshofen. Un vieux biplan jaune avec un moteur qui fait un bruit de très grosse moto atterrit en me passant juste au-dessus de la tête. Petite pause Hefeweizen à Windorf, remplissage de gourdes et réservation de la chambre d’hôtel pour ce soir à Passau (une sorte de Formule Un au bord du Danube, avec des chambres-cages à lapin. Arrivée à Passau à 17 h env., le vendredi, soit bien plus tôt que prévu au début du voyage (arrivée initialement prévue le dimanche matin). Douche, puis achat du billet de train pour retourner samedi à Stuttgart (départ du train à 8 h 05). Balade dans Passau. Visite de la cathédrale de style baroque. Beaucoup de stuc. Très clair à l’intérieur. Mitraille dans la vieille ville avec l’appareil photo. Marche jusqu’au point de confluence du Danube, de l’Inn et de l’Ilz. L’Autriche est à deux pas. Achète un t-shirt du Bayern München. Coûte horriblement cher, mais j’avais promis à Roland d’en acheter un. Je ne sais pas si je pourrais le porter souvent à Stgt. Ils sont tellement obsédés par le foot en Allemagne et fiers de leur(s) équipe(s) préférée(s). Ça vire parfois à la querelle de clochers et à des bagarres… Je pourrai quand même le porter pdt les vacances en France ou l’utiliser comme pyjama. :-) Physiquement, pas de prob. Je pourrais continuer comme ça jusqu’à la Mer noire. Mais cela sera pour une autre fois. Un grand merci à Élisabeth qui m’a laissé partir pédaler pendant une semaine pendant qu’elle a continué à s’occuper des enfants à Stuttgart. Fin du journal de bord.

Passau

Confluence du Danube, de l'Inn et de l'Ilz à Passau, à deux pas de l'Autriche

Colonia Claudia Ara Agrippinensium

Ainsi s’appelait Cologne il y a fort longtemps !

Cologne où nous sommes allés passer 3 jours fin février, à deux. Le beau temps n’était malheureusement pas au rendez-vous, mais cela ne nous a pas empêchés de marcher, marcher et encore marcher pour découvrir une ville à la beauté pas franchement renversante, mais néanmoins fort sympathique.

La météo n’ayant pas été au rendez-vous, les photos ne sont ni lumineuses ni très nombreuses mais elles ont le mérite d’exister ! Pour y accéder, cliquez ici !

Carnaval à la maison

Le samedi 18 février, tout le monde est à la maison, y compris les copines. Projet : Décorer des masques de carnaval. Tous sont déguisés, ce qui rend le tout encore plus amusant. Après le travail acharné sur les masques, tout le monde en place pour la photo de groupe !

6a, Fasching 2012

A vos masques, prêtes, souriez !

Ces activités nous ont tous rendus sur le point de mourir de faim, donc la machine à crêpes se retrouve sur la table. C’est après quelques jeux ensemble que les parents commencent à sonner à la porte. Salut les copines, et bonnes vacances !

Pour voir toutes les photos, cliquez ici !!! ;)

La vie ne tient qu’à un fil.

Partant de là, profitons-en !

Nous vous souhaitons une année 2012 riche et épanouissante, rythmée par les rires de vos enfants, cadencée par des rencontres aussi insolites qu’inattendues, ponctuée de moments partagés à 2, en famille ou entre amis, bercée de musiques exotiques, douces ou sauvages, animée de soirées cinématographiques, philosophiques, littéraires ou amicales, entrecoupée d’événements heureux ou exceptionnels et chargée de moments sportifs et intenses !!!

De notre côté, nous ferons de notre mieux pour garder la forme, promis.

Pour terminer, je tiens à rendre hommage à mon amie Christine, qui nous a quittés le 4 janvier, beaucoup trop jeune et beaucoup trop tôt. La vie ne tient vraiment qu’à un fil. Profitez de chaque instant !

Joyeux Noël et surtout, bonne année !!!

PS : Pour visualiser les photos de nos vacances de Noël, cliquez ici.

Un cerveau lent vole mal

Coucou, c’est Madeleine au clavier.

Dingo_a_une_idée

Dingo vient de faire chauffer ses neurones

Voici quelques infos sur notre cerveau. D’après mon prof d’anglais, cet organe oublie 80 pourcent des choses !

1,4 kg : poids moyen du cerveau (2 pourcent du corps) contre 5 kg pour l’éléphant !

100 milliards : nombre de neurones dans le cerveau d’un enfant.

10 000 : le nombre de neurones que l’on perd chaque jour à 20 ans (50 000 à 40 ans, 120 000 à 80 ans, etc.).

Plus un cerveau travaille, moins il veillit vite !

Quelque records :

Un moine birman a récité par cœur 16 000 pages de texte, une Indienne a résolu en 28 secondes une multiplication de 13 chiffres, le cerveau d’un musicien peut repérer une fausse note en quelques millisecondes

Certaines personnes ont des capacités intellectuelles étonnantes (qui sait, peut-être que tout le monde en a !). La science a encore du mal à les expliquer.

Pour terminer, une petite blague. Un prisonnier dit à son compagnon de cellule :

  • Si j’avais écouté ce que disait ma mère, je n’en serais sans doute pas là aujourd’hui.

  • Et que disait-elle?

  • Je ne sais pas, puisque je ne l’ai pas écoutée.

Bonne année 2012 !

Les douze coups de minuit ont sonné… Bonne année ! Bonne santé !
Sauf que les douze coups de minuit, nous ne les avons pas entendus et pour cause.
Figurez-vous que du côté du Rhin qui est le nôtre, pour fêter l’An nouveau, les autochtones allument pétards et feux d’artifices, et font durer le plaisir… entre une heure et une heure et demie, au bas mot.
Pour ceux qui dorment sous le toit, je vous laisse imaginer les impressions laissées. Genre abri bombardé en pleine nuit, un vrai régal :-))

Et 9 ans après, nous faisons toujours de la résistance.

Pour les photos de vacances et de réveillon, il faudra patienter quelques jours…
D’ici là, portez-vous bien ! Soyez heureux et fous !

Léopold II au pays du Congo

Le Voyage dans la Lune enthousiasma les foules avides d’émotions cinématographiques inédites (cf. ce post). Sur les écrans, le distingué professeur Barbenfouillis massacrait l’indigène sélénite à coups de parapluie ravageurs. Au Congo, fusils, chicottes et coupe-coupe se révélèrent plus efficaces. La soldatesque affidée mutila à tire-larigot; les mains droites noires sectionnées servirent à légitimer l’emploi avisé des munitions. Vingt années durant, les hommes du roi Barbenfouillis II terrorisèrent les multitudes africaines. Le voici au volant de sa splendide Panhard et Levassor, l’âme ravie en extase de conduire quelque part Cléopâtre-Diane de Mérode, divine danseuse dont il espère ardemment un jour - un jour, peut-être ! - dévoiler avec minutie chaque centimètre carré du corps délicat.

 

Barbenfouillis_II

 

Ce genre d’engin révolutionnaire exigeait l’emploi de pneus en caoutchouc. Le confort, c’est essentiel. Or, le Congo regorgeait d’hévéas et le pilote de la voiture en était le propriétaire. Les grands chefs des tribus de l’Occident palabrèrent en effet six mois chez Otto Eduard Leopold von Bismarck-Schönhausen, puis s’entendirent enfin pour offrir sur un plateau doré ce grand jardin équatorial à Barbenfouillis II. Un grand parc à la végétation luxuriante pour lui tout seul ! Le souverain fit planter un panneau devant le portail d’accès, qui portait l’inscription “Etat indépendant du Congo”. Ce pays n’a jamais été en manque de noms fallacieux.

Dès lors, la Force publique se chargea de discipliner les masses par trop incultes et paresseuses. Les compagnies concessionnaires s’occupèrent de donner un petit boulot à tous ces gens-là. Les Noirs saignèrent les hévéas, et les colons saignèrent les Noirs. En 1885, le Congo comptait vingt-cinq millions d’habitants. En 1905, quinze millions.

L’article de la Wikipédia présentant l’affaire en détail se trouve ici.

Petit problème cosmique

Ce matin au planétarium, au beau milieu du programme de quarante-cinq minutes destiné aux enfants de cinq à neuf ans, la voix off affirma que Saturne met trente ans pour orbiter autour du Soleil, alors que Jupiter, située plus proche de notre étoile bienfaitrice, n’a besoin que de douze ans pour accomplir son tour. Puis, la voix posa la question : “Alors les enfants, voici un petit problème simple : si l’on suppose que les deux planètes sont alignées maintenant avec le Soleil, alors allez hop ! au débotté, pouvez-vous me dire dans combien d’années elles seront à nouveau ainsi alignées ?”

Réponse des enfants de cinq à neuf ans : “Euh…”

Réponse des parents : “Ah oui, oui, intéressant… alors… eh bien, je… euh…”

Réponse instantanée de deux hommes planqués au fond de la salle, que je soupçonne fortement être des employés du planétarium : “20 ans !”

Ah ! très bien, répondit la voix off avant de reprendre le fil de son exposé.

Au “débotté” donc, nous pouvons, à l’aide d’une règle de trois, affirmer que le nombre de degrés parcourus par Saturne en A années s’élève à :

Ds=Ax360/30=12A

Tandis que pour Jupiter, nous obtenons l’équation suivante :

Dj=Ax360/12=30A

Les deux planètes géantes se trouveront à nouveau ensemble sur une même ligne passant par le Soleil quand elles seront simultanément positionnées avec un nombre identique de degrés par rapport à leur point de départ commun. Au bout de douze années, Jupiter sera déjà revenue à son point initial (et aura donc parcouru 360 degrés), alors que Saturne sera encore en train d’accomplir son premier tour. Douze ans plus tard, Jupiter terminera son deuxième tour, alors que Saturne n’en aura toujours pas fini avec son premier. Nous pouvons donc en conclure que Jupiter doublera Saturne, ce qui occasionnera un nouvel alignement avec le Soleil, alors que Jupiter gravitera autour de l’astre stellaire pour la deuxième fois. L’événement aura donc lieu entre douze et vingt-quatre ans après l’alignement initial, précisément lorsque les nombres de degrés respectifs seront égaux :

Ds=Dj-360 (le nombre 360 vient du fait que Jupiter a déjà tourné une fois autour du Soleil)

Dès lors, il ne reste plus qu’à dérouler le tapis rouge pour pouvoir triomphalement parader dessus avec la médaille Fields en chocolat 2011 :

12A=30A-360

<=> 30A-12A=360

<=> 18A=360

<=> A=20 ans

Saturne aura alors parcouru Ds=12×20=240 degrés par rapport au point de départ, ce qui représente les deux tiers de sa première course autour du Soleil.

Et voilà le travail, au “débotté”, donc. Que le grand Cric me croque si les deux zigues qui donnèrent la bonne réponse INSTANTANÉMENT ne sont pas des employés du planétarium. ;-)

Le coup du parapluie

L’éminent professeur Barbenfouillis et ses remuants collègues s’extirpèrent de l’obus qui perça l’œil de la Lune. Puis, suite à une bonne nuit passée sous les étoiles, ils décidèrent d’entreprendre l’exploration des lieux. Dans une grotte souterraine - plus précisément sous-lunaire - parsemée de champignons à l’allure menaçante, les vaillants scientifiques tombèrent soudain nez à nez avec un Sélénite jailli d’un trou comme un diable hors de sa boîte. La créature de la Lune - un bipède humanoïde avec une face et des pinces d’insecte - sautilla, bondit, roula, tourneboula et s’approcha de Barbenfouillis. Le professeur ne perdit pas l’ombre d’une seconde et, armé de son parapluie - quelle brillante idée de l’avoir pris pour explorer la Lune ! -, il en assena un sérieux coup sur la tête du Sélénite qui se transforma sur-le-champ en fumée (c’est ainsi que ces êtres curieux passent de vie à trépas : en se volatilisant dans l’éther lunaire). Score à l’issue de cette première rencontre historique : Terre 1 - Lune 0.

Après maintes péripéties, Barbenfouillis et ses acolytes réussirent ensuite à fausser compagnie aux Sélénites furieux d’avoir perdu nombre de leurs semblables et leur roi, qui tous succombèrent aussi sous les coups mortels du parapluie du professeur. Nos valeureux héros, dignes représentants de la race humaine civilisée, poursuivis par une horde enragée, parvinrent à leur obus placé au bord d’un précipice, le firent basculer pour retomber sur la Terre, et, ce faisant, emportèrent involontairement dans leur chute salvatrice une créature de la Lune accrochée au projectile. Celui-ci, tel Apollo 11 soixante-sept ans plus tard, s’abîma dans l’océan. Puis, un bateau vint le repêcher pour le remorquer vers la terre ferme.

Enfin, à l’occasion d’un défilé célébrant les hauts faits des explorateurs lunaires, le Sélénite enchaîné fut exhibé face à la foule en liesse, tel Vercingétorix à Rome. Score final : Terre 6,5 - Lune 0 (le demi-point, c’est pour le Sélénite capturé). Meilleur homme du match : le professeur Barbenfouillis dont les coups de parapluie ravageurs assurèrent de manière décisive la domination écrasante des êtres humains. Une mention spéciale est néanmoins accordée au Sélénite tombé sur la Terre dont le geste courageux ne permit malheureusement pas à son équipe d’échapper à la débâcle. Espérons cependant qu’un jour ses congénères voire d’autres créatures extra-terrestres ne s’avisent pas de s’armer eux aussi de parapluies.

Le voyage dans la Lune de Georges Méliès (extrait de la version parue en 2011 et restaurée avec les couleurs d’origine, musique du groupe Air)

Tamikrest de retour au Labo

Les Touaregs de Kidal sont remontés le neuf décembre sur la scène du Laboratorium à Stuttgart, à l’occasion de la récente sortie de leur deuxième album Toumastin. Ils ont joué d’abord leur desert blues pendant une heure environ dans un style assez planant et méditatif, puis enchaîné après la pause un set d’une heure supplémentaire, cette fois-ci beaucoup plus funky et remuant, que le public a très apprécié. Ousmane, le leader de Tamikrest, a déclaré aux spectateurs ravis que le groupe était particulièrement content de revenir au Laboratorium, dont la scène est chère à leur cœur, car c’est là qu’ils se produisirent l’an dernier pour la toute première fois en terre européenne. Après le concert, les membres du groupe traînaient tranquillement dans la salle ; certains discutaient avec des gens du public alors que d’autres s’affairaient à ranger les instruments de musique. Nous avons bavardé un peu avec l’un d’entre eux à propos de leur tournée en Europe et de leur région située au beau milieu du Sahara. Pour en savoir un peu plus sur la belle musique de Tamikrest et la situation pas très réjouissante des Touaregs du nord du Mali, il est possible de lire une interview d’Ousmane Ag Mossa – qui me fait irrésistiblement penser à Bob Marley – publiée dans les Inrocks à cette adresse-là. Les lecteurs de feu Best se souviendront peut-être de ce magazine de rock, qui cessa de paraître en 1995, à la lecture du nom de l’excellent journaliste qui a mené l’entretien.

Luca, Flo, Johannes et Sadna

Après que le groupe a plié bagage, Flo, Luca, Johannes, Sadna (orthographe non garantie !) et moi-même sommes restés au Labo, histoire de s’assurer que nous n’allions pas mourir de soif ce soir-là et de vérifier que tout le monde allait bien libérer les lieux à l’heure de la fermeture. Nous nous sommes acquittés de cette rude tâche avec brio.